HISTOIRE DE LA BIÈRE
Depuis que l’homme est sédentaire et qu’il cultive des céréales, il fabrique de la bière.
C'est un breuvage qui existe depuis la nuit des temps et qui a toujours participé au quotidien des populations (rites, célébrations). Il s'adapte et s'incarne dans nos différentes histoires et traditions culturelles, se diversifie et s’inscrit même dans notre langage. On va jusqu'à parler de "brassage de population" pour illustrer le métissage culturel et géographique de notre société contemporaine.
Tout comme le vin, la bière a ses dieux ou plutôt ses déesses (Hathor, Nidaba, Cérès, Ninkasi, …) dans les grandes religions qui ont bercé et bercent encore l’Humanité (panthéon égyptien, grec, romain, christianisme). Ces dernières ont d’ailleurs grandement participé au rayonnement de ce breuvage doré qui doit par exemple beaucoup aux abbayes.
En Mésopotamie dès le IVe millénaire av. JC, on retrouve les premières traces de brasseries. On découvre alors que la bière fait partie intégrante de l’alimentation quotidienne. On lui attribue tour à tour les noms de « pain liquide, vin d’orge, Sikaru, Hekhar, Zythum, puis Cervoise ». Elle sert, entre autres, d’offrandes aux Dieux et aux morts, et de monnaie d’échange…
On retrouve les traces des recettes et des techniques de brassage dès 4000 ans avant JC en Egypte. Traditionnellement conservée dans des amphores en terre, la bière est par la suite réservée en tonneaux grâce aux inventeurs gaulois.
Les tous premiers brasseurs étaient en réalité des brasseuses car la bière est comme le pain une activité domestique réservée aux femmes.
Au Moyen – Age, les moines garants des ouvrages anciens, traduisent, copient et conservent tous les précieux documents écrits. Parmi eux se trouvent tous les recueils relatifs à la fabrication traditionnelle de la bière et les recettes inédites. Ces religieux reprennent à leur compte ces techniques mais prennent soin de les faire évoluer. Ainsi, on retrouve dès le VIIème siècle les traces des premières brasseries présentes dans des abbayes. Il existe aussi des abbesses brasseuses dont la plus célèbre n’est autre qu’Hildegarde de Bingen. C’est à cette célèbre botaniste que nous devons au XVème siècle l’incorporation du houblon dans la fabrication de la bière permettant ainsi une meilleure conservation et l’exaltation de nouveaux parfums. Le houblon jouera par la suite un rôle déterminant dans la possibilité de faire voyager parfois jusqu’au bout du monde les tonneaux de bière.
La Révolution Française puis la Révolution Industrielle sonnent le glas de l’hégémonie des corporations mais aussi de l’Eglise sur les brasseries. Le XIXème avec ses découvertes techniques et médicales vient bousculer les procédés de fabrication des bières. On invente l’échangeur à plaques permettant de refroidir instantanément le moût chaud, et des machines frigorifiques permettant la garde. On assiste progressivement à une industrialisation des moyens de production et de diffusion. On peut à présent brasser de la bière toute l’année.
Le commerce, le développement de l’industrie et des transports ont eux aussi joué un rôle déterminant dans la diffusion et la globalisation de la consommation de la bière dans tous les recoins de la planète.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on voit progressivement disparaître les petites brasseries artisanales en France (obsolescence des outils, manque de moyens financiers pour assurer leur remplacement…). On assiste également à une fusion de petites structures brassicoles dans l’Est. Des groupes industriels émergent et prennent petit à petit le monopole du secteur.
Dans les années 1980, Il ne reste qu’une trentaine de brasseries artisanales en France.
Il faut regarder outre Atlantique, aux Etats-Unis, pour assister, à la fin des années 1970, à la renaissance des brasseries artisanales à travers le mouvement « craft beer » (bière faite maison). La bière redevient ainsi un produit de proximité, réalisée à petite échelle et dans le respect des traditions brassicoles originelles.
On compte à ce jour 3000 brasseries artisanales aux Etats-Unis et plus de 700 en France et le phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur. Il nous interroge sur notre manière de consommer. C’est un retour aux produits simples, de qualité et aux savoir-faire ancestraux.
Alors vous aussi, rejoignez le mouvement !